Le Brésil

 

Nous arrivons au Brésil après deux belles journées de navigation. La météo enfin clémente nous a laissés tranquilles et nous avons pu commencer à mettre un peu d'ordre à l'intérieur.

Nous ne sommes pas les seuls Français à Salvador. Nombreux sont les équipages qui font escale par ici après être passés par le Sénégal. Nous retrouvons donc des bateaux rencontrés avant notre traversée. Ainsi, Groyabada qui sont partis deux jours après nous de Djogue en Casamance pour arriver deux jours avant nous ! Les Julos aussi sont à Salvador, ainsi que les Seakedelik. Nous nous sentons tout à coup moins seuls ! Bruno à la marina est un breton qui accueille les bateaux de passages. Il parle parfaitement le portugais et est précieux pour les navigateurs comme nous qui n'ont pas eu le temps ou le courage de se lancer dans la méthode Assimil. Grâce à ses conseils, les formalités d'entrée seront facilitées car nous savons désormais où nous rendre et dans quel ordre faire tous les bureaux. Car les formalités au Brésil, ce n'est pas simple ! Nous les faisons en compagnie d'Anton et Michou de Groyabada. Anton a eu un peu de temps pour étudier le brésilien et nous le poussons en avant à chaque bureau ! La première matinée, les formalités doivent se faire avec tout l'équipage, notamment pour les services de santé (au cas où nous déclarerions une personne vivante à tord...). L'après-midi, Jean-Michel et Anton continuent les réjouissances sans les femmes !

Nous nous promenons dans la ville afin d'en comprendre son plan et son fonctionnement. Nous avons retiré nos bijoux et transportons le peu d'argent nécessaire dans nos poches. Des agressions entre le Centre Nautique et la Marina privée nous ont été rapportées. Cela ne nous empêche pas de faire le trajet à pieds, tous les quatre et tout se passe bien. Peut-être les agresseurs respectent-ils les familles avec enfants ? Nous empruntons l'ascenseur pour nous rendre au Pelourinho boire une caïpirinha en compagnie des équipages de Groyabada, Julo et Thelonious Sphère (un équipage de jeunes bretons très sympathiques). Ca y est ! Nous rentrons dans l'ambiance Brésil ! La traversée valait le coup !

Nous commençons à découvrir les restaurants au kilo où l'on mange autant que l'on veut : l'assiette est pesée et le prix noté sur notre ticket. Nous pouvons repasser aussi souvent que l'on désire refaire un plein et nous payons le tout avant de quitter le resto. Nous découvrons des petits restos et progressivement, sur l'indication des copains, essayons des nouveaux avec d'autres menus. Nous reprenons des kilos !

Nous allons passer le week-end de Pâques à Itaparica. Ici, le vendredi est férié et de nombreux bateaux sont venus profiter du lieu depuis Salvador. A la marina, nous voyons quatre catamarans amarrés à couple en bout de ponton. Il faut aimer la compagnie proche ! Nous préférons rester au mouillage et faisons la navette avec l'annexe. L'île est vraiment très agréable. Le banc de sable qui découvre à marée basse, nous offre la possibilité d'aller à la pêche aux coques. Génial ! Nous faisons le plein et préparons des spaghettis aux fruits de mer. Délicieux ! Nous essayons la pizzeria dans un premier temps, puis passons au restaurant plutôt gastronomique, tenu par un Turc parlant parfaitement le français. Son pavé de boeuf est un délice ! Nous reviendrons ! Nous découvrons la source qui est sensée  nous redonner la jeunesse perdue. Nous sommes étonnés de voir la quantité d'habitants qui viennent s'approvisionner avec des bidons transportés par brouettes. L'eau a très bon goût et semble chargée en ions. Nous remplissons à notre tour nos bidons et revenons régulièrement refaire le plein. A la marina, la même eau coule aux robinets et certains navigateurs transportent leurs bidons dans l'annexe et les remplissent sans descendre sur le ponton.

Nous revenons à Salvador pour poster les cours du Cned, faire un nouveau plein de vivres, manger aux restos au kilo et faire remplir nos bouteilles de gaz et de plongée. Pour le gaz et les bouteilles de plongée, rien de plus simple : il suffit d'inscrire le nom du bateau sur les bouteilles, et de les confier aux gars à l'entrée de la marina. Quelques jours plus tard pour le gaz et le lendemain pour les bouteilles de plongée, elles sont de retour, remplies. Le coût n'est pas élevé : 50 reals pour le gaz, 12 reals pour la bouteille de plongée. Nous allons faire un peu de "lèche-vitrines" avec les filles et trouvons notre bonheur dans les nombreux magasins de vêtements dans le Pelourinho. Il y a même un C&A sur plusieurs étages.

Nous mettons le cap sur Maragojipe pour aller voir ce marché dont beaucoup de navigateurs parlent. Nous arrivons le 20 avril et prenons place au milieu des autres bateaux. Le samedi matin, sacs sur le dos, nous nous dirigeons vers la jetée pour y laisser notre annexe quand les propriétaires de Gwenalys nous annoncent que le marché a eu lieu la veille car le 21 avril est férié au Brésil ! Notre premier marché loupé, nous allons tout de même visiter ce gros village. Nous montons sur les hauteurs d'où la vue sur le rio est très belle. Sur le retour, nous nous arrêtons dans un café où la musique nous oblige à lever le ton pour nous entendre. Nous commandons des beignets et brochettes de viandes variées que nous arrosons de bières bien fraîches. Miam ! La petite dame qui cuisine est bien âgée et semble ravie de nos commandes. Ici, la retraite n'est pas à 60 ans ! Anton prend une photo de la petite dame au travail et la lui apporte imprimée quelques jours plus tard. Cela lui fait un grand plaisir. Dans le village, les gens ne sont pas stressés. Tout le monde semble se connaître. Quelques voitures passent des les rues de temps à autres mais le transport se fait souvent à cheval. Nous croisons de nombreuses personnes transportant dans une cage un joli petit oiseau. Mais le transporteurs est toujours du sexe masculin ! Cela semble une tradition. En France, nous promenons les chiens, ici, ce sont les oiseaux en cage. Nous apprenons qu'il s'agit d'une spécificité brésilienne. L'oiseau est confié à une personne dans un village qui le promènera dans les endroits où il pourra entendre d'autres oiseaux chanter afin d'apprendre lui-même à chanter harmonieusement. Lorsqu'il reviendra chez ses propriétaires, il leur chantera de jolis chants qui leur donneront sans doute l'impression d'être à la campagne. Le soins qu'ils apportent à leur tâche nous laisse rêveurs.

Les moyens de transports sont originaux : quelques voitures, bien sûr, mais les chevaux bien souvent, des ânes tirant des charrettes, des brouettes pour le transport des marchandises (dont nous ferons bon usage à plusieurs reprises en revenant du marché), les saveyo pour le transport sur la rivière, mais nous avons eu la chance d'assister à un double transport : un âne sur une barque ! Lequel n'était pas franchement d'accord à priori pour la ballade !

Nous relevons le mouillage pour visiter un autre village non loin de là. Nous arrivons à Santiago do Iguape après une petite navigation tranquille et sympathique. Tout semble calme. Trois autres voiliers que nous connaissons sont à l'ancre. Nous trouvons sans problème une place : ici, il y a de la place partout ! Nous nous rendons à terre avec Anton pour un premier repérage des lieux. Nous faisons le tour de la place et les gens répondent à notre « boa tarde ». Nous trouvons une boulangerie et achetons notre pain brésilien devenu traditionnel, faute de mieux. Il fait chaud dans le bateau et nous hésitons donc à faire notre pain nous-mêmes. Le deuxième jour, nous approfondissons notre visite dans le village et faisons cette fois le tour complet du lieu.

Durant la nuit, nous avons fait une bonne récolte d'eau de pluie : environ 50 litres en bidon qui viennent compléter nos réservoirs et autant en bassines, avec lesquels nous lavons notre linge. A midi, Jean-Michel revient à bord avec des crabes bleus qu'il a acheté à un petit jeune dans le village. Ils sont délicieux avec une bonne mayonnaise maison. Cela donne une idée à Anton qui ressort son casier. Pour l'appât, pas de problème : les pêcheurs font le tri des poissons à l'endroit où nous débarquons et de nombreux petits poissons flottent à la surface de l'eau. L'après-midi, nous faisons la rencontre de Jean-Pierre qui tient la pousada avec Emmanuelle son épouse. Des problèmes dentaires le fatiguent et un des trois bateaux de passage lui a donné des médicaments spécifiques afin de pouvoir retarder le rendez-vous indispensable chez le dentiste. Nous nous mettons d'accord avec lui pour dîner dans sa pousada et faire la connaissance d'Emmanuelle le lendemain soir.

De retour au bateau, nous ramassons quelques poissons flotteurs pour appâter les crabes. Anton et Jean-Michel trouvent un endroit pour déposer le casier... il n'y a plus qu'à attendre. Ce soir, c'est soirée musique sur Groyabada ! Nous apportons harmonicas et fluttes et Anton sort son accordéon. Nous passons tous les six une excellente soirée en musique et chants !

Le mercredi, nous descendons à terre et laissons les filles à bord faire l'école. Nous allons crapahuter sur les hauteurs du village, voir un peu ces terres distribuées gratuitement aux personnes sans bien, qui sont appelées ici les « sans-terre ». Le chien de la pousada, Black, nous accompagne et aboie sur les vaches attachées et court comme un fou après les poules ! Les pauvres, elles vont pondres des oeufs verts de peur. Tout cela fait bien rire les enfants du village ! De là-haut, la vue sur le rio est magnifique. Nous sommes arrêtés par l'état de la route : elle n'est que boue collante en raison des pluies abondantes de ces jours derniers. Redescendus au village, nous nous asseyons à la terrasse d'un kiosque pour boire une bonne bière fraîche. Des personnes à côté déjeunent et leur repas est très appétissant. Nous prenons rendez-vous pour manger la même chose le lendemain midi !

Ce soir, nous allons à la Pousada. Nous prenons d'abord un bon jus d'orange frais avec de bonnes choses dedans (cachaça) et rencontrons Emmanuelle. Elle et Jean-Pierre forment un couple bien dynamique et sympathique. Puis, nous sommes accueillis dans leur maison et nous installons à la terrasse où la table a été mise. Nadia a préparé le repas et nous nous régalons avec la moqueca de crevettes et celle d'huîtres, le riz, les haricots à la mode brésilienne le tout arrosé de farine de manioc. Le dessert est une préparation d'Emmanuelle, également délicieuse, la mousse de maracuja. Les conversations vont bon train et nous faisons plus connaissance avec le style de vie qu'ont choisi nos hôtes. Ils sont vraiment bien ici et leur maison est très agréable, claire et aérée. Nous les quittons assez tard et prenons rendez-vous pour le lendemain pour faire une ballade à cheval dans les collines.

Avant de partir chevaucher, nous prenons notre repas commandé la veille sur la place. Les commerçants sont ravis d'accueillir de nouveaux clients et nous ont spécialement installés à l'ombre d'un arbre. Nous nous régalons une fois encore ! Décidément, notre escale au Brésil est souvent placée sous le signe « nourriture » ! Les chevaux nous attendent et sont sellés. Daphnée et Mégane n'ont pas pu attendre d'aller leur rendre visite. Le ventre plein, nous avançons vers la pousada où Jean-Pierre et Emmanuelle nous attendent. Les consignes sont données et nous posons pour la photo. Mégane est pour l'occasion coiffée de son tout nouveau chapeau de cow-boy qui lui va à ravir. Allez ! En route ! La ballade est très agréable et pour nous quatre qui ne pratiquons pas l'équitation, nous n'allons pas trop vite. Les chevaux sont sympathiques et faciles à diriger. Jean-Pierre est en tête pour ouvrir la route et un Brésilien nous accompagne pour fermer la marche et motiver les chevaux qui voudraient faire une pose avant l'heure. Les paysages sont magnifiques et nous passons dans des chemins tout juste balisés. Il faut souvent écarter les branches et nous allons jusqu'à nous allonger sur le cheval complètement pour passer sous une grosse branche d'arbre. Jean-Michel frotte d'ailleurs un peu son dos ! Nous faisons trois poses durant la ballade, tant pour les chevaux que pour soulager nos derrières. La vue est magique, sur le rio. Jean-Pierre en profite pour nous parler de la région, de la nature... Il est passionné par ce qu'il fait et cela se sent. En revenant vers le village, nous nous arrêtons boire de l'eau à la source présente sur son terrain. Notre arrivée dans le village, à 8 chevaux et un poulain nous fait penser à ces cow-boy dans le Far West qui rentraient en ville, direction le saloon ! C'est comique ! Mais quelle après-midi paradisiaque ! Nous ne sommes pas prêts de l'oublier ! Les filles aussi sont enchantées et parlent d'acheter des terres et des chevaux ici, et de s'installer dans ce village. Il est vrai que la quiétude du lieu est bien agréable.

Déjà vendredi ! Le marché de Maragojipe nous attend avec sa multitude de fruits et de légumes. Nous passons remplir nos bidons à la source de Jean-Pierre et Emmanuelle et mettons le cap vers Maragojipe. Sur le chemin, Mégane a un coup de blues. Elle voulait réellement s'installer à Santiago Do Iguape. Il y a pas mal de jeunes dans le village et lorsque nous nous promenions un groupe de trois filles marchaient à notre hauteur. Il aurait suffit de mieux connaître leur langue et nous aurions pu engager une conversation, d'autant qu'elles nous montraient bien qu'elles attendaient la discussion avec Mégane. Dommage. Mais le voyage continue. Encore beaucoup de choses à voir, de villages à visiter, de gens à rencontrer. Nous notons dans un petit coin de notre tête que le village est un lieu où il nous plairait de vivre. Sait-on jamais ?

La pousada de Jean-Pierre et Emmanuelle reçoit les voiliers de passage, mais pas seulement, heureusement pour eux ! France Trois, dans l'émission « côté jardin » a réalisé un petit reportage les concernant. Ils ont créé un site où ils présentent les activités qu'ils proposent. Il suffit de les contacter et d'établir un programme personnalisé si ceux proposés ne vous conviennent pas et vous pouvez venir à Santiago passer des vacances que vous n'oublierez pas ! L'adresse de leur site est : http://www.jpsantiagotour.com

Dès le matin du samedi, nous nous rendons au marché de Maragojipe et y faisons bonne provision de fruits et légumes. Nous passons voir notre marchand de poulets frais plumés et nous régalons une fois encore. Notre nouvelle recette s'appelle d'ailleurs le « poulet Maragojipe » ! Cuit à la cocote après l'avoir découpé, avec légumes. Le poulet à quatre ne fait qu'un pli ! Nous avons fait une telle provision de fruits et légumes, tout comme Anton et Michou, que nous utilisons les services d'un jeune garçon qui nous transporte le tout jusqu'à notre annexe, en brouette ! A trois reals la course, ce n'est pas cher payé ! En chemin, nous nous arrêtons prendre du pain et notre « brouetteur » nous attend patiemment. Dans les villages, nous voyons très peu de voitures. Beaucoup utilisent le cheval et aussi la brouette. Le voilier Netjer est au mouillage et nous décidons de monter à trois voiliers vers Cachoeira. En général, beaucoup hésitent à y monter car la rivière est encombrée de bancs de sables et il faut suivre une série impressionnante de « way point ». Jean-Michel et Anton vont en annexe pour repérer un chemin qui semble possible entre deux bancs de sable, mais qui n'est ni balisé, ni indiqué nul part. Le sondeur à la main, ils relèvent les fonds, notent les points de passage et reviennent à bord, donner les points à chaque bateau.

Deux heures avant la marée haute, nous nous mettons en chemin, Groyabada devant, Semeda et Netjer à sa suite. Nous serrons un peu les fesses car les fonds indiqués sur notre sondeur sont peu rassurants, mais nous passons. Plus loin, Anton nous indique 3,50 m tandis que notre sondeur indique 5 ou 6 m. Etrange. Nous en profitons pour nous photographier mutuellement, au niveau de l'eau ou parfois en montant dans les barres de flèche. Aucun risque, la rivière est très calme. Chemin faisant, en zigzaguant tantôt vers la rive droite et tantôt vers la gauche, nous arrivons devant le mouillage de Cachoeira. Des jeunes jouent au foot-ball, d'autres écoutent de la musique, de nombreux enfants sont sur les jeux. Nous sommes dimanche et il n'y a pas d'école. Nous allons à terre repérer les lieux.

Ce village qui est plutôt une petite ville est charmant. Notre progression a été arrêtée par un énorme pont, datant du début du 19ème siècle. Il est anglais et malgré son âge très avancé, semble solide. Les voitures ne peuvent pas s'y croiser et passent tantôt dans un sens tantôt dans l'autre. Le train y passe et nous comptons une fois 29 wagons dont une partie d'hydrocarbures ! Cachoeira est très intéressant. Anton et Michou rencontrent un jeune homme, Tio, qui se propose de nous guider lors d'une visite. Il parle très doucement et nous arrivons très bien à le comprendre. Enfin un Brésilien qui parle en suivant la méthode Assimil ! Nous commençons par Sao Felix, qui se trouve en face de Cachoeira et nous traversons le pont. Nous visitons la célèbre fabrique de cigares. Ici, tout est propre, rangé et le lieu de travail est très agréable pour les employées. Rien à voir avec les fabriques de cigares que Anton et Michou ont visitées à Cuba. Ces dames créent par jour entre 200 et 400 cigares chacune. Lorsque l'on voit les gestes précis, rapides et répétés qu'elles doivent réaliser, nous sommes impressionnés. L'une d'elles nous fait une démonstration de la célèbre phrase « rouler un cigare sur la cuisse ». Elle relève délicatement sa jupe pour découvrir sa cuisse (charmante d'ailleurs) et y roule le cigare directement. Chaque geste est rapide et précis. Une fois le cigare roulé, elle y applique le papier indiquant la marque et le tend à Anton. Cadeau ! Le café nous a été offert gentiment et les filles reçoivent de l'eau fraîche et une sucette. Daphnée signe un papier : afin de préserver les forêts, les visiteurs sont invités à remplir une fiche, indiquant leur nom et à planter cette fiche dans un sol fictif. Chaque fiche représente un arbre futur qui va être planté et portera le nom indiqué. Ainsi, Daphnée aura au Brésil un arbre portant son nom et nous pourrons le vérifier sur le site Internet. Sympa ! Après quoi, nous avons visité la maison d'un artiste disparu. Elle est magnifique. Nous nous installons au salon d'où la vue est superbe, sur le Rio. La bibliothèque nous donne envie et l'atelier de lithographie est impressionnant. Une maison à vivre en paix et en harmonie. De retour sur Cachoeira, nous visitons une petite distillerie. Nous sommes invités à une dégustation dans l'arrière boutique. Ici, les abeilles ne s'intéressent pas à nous, il y a assez de liqueur pour qu'elles s'amusent ! Nous goûtons différentes liqueurs et notre choix se porte sur le maracuja et le citron. A 4 reals le litre, c'est vraiment peu cher ! Nos ventres commencent à crier famine et nous allons manger au kilo dans un restaurant que Tio nous indique. Ici, les bénéfices sont reversés à une garderie afin que les parents qui travaillent trouvent une solution de garde. Une excellente idée qui pourrait être suivie en France où nous manquons de crèches et de garderies ! L'après-midi, nous visitons la maison d'un artiste photographe dont les clichés font rêver. Nous feuilletons quelques catalogues et il faut se rendre à l'évidence : il a un oeil incroyable pour créer dans ses prises de vue une telle harmonie entourant la douceur. Chaque photo a un sens et il faudrait des heures pour consulter ses oeuvres. Un régal pour les amateurs de photos ! Nous entrons ensuite dans un couvent (où nous n'avons pas l'intention de rester) et poursuivons par l'église attenante. Les dorures sont étonnantes, mais les Brésiliens sont très pieux et tout ceci est dans leur mode de vie. Tio nous raconte que la maison juste devant le couvant était une « maison de joie ». Les moines étant tenus au secret, ils ne pouvaient les dénoncer ! Quel ironie ! Notre visite aura été très agréable et instructive. Nous ne regrettons pas d'avoir utilisé les services de Tio, car il nous a appris beaucoup de choses que nous n'aurions jamais soupçonnées. Il a commencé à travailler avec les touristes à l'âge de 10 ans et sait se mettre à leur portée en utilisant un portugais compréhensible. Il comprend aussi l'espagnol ce qui facilite les choses !

A Cachoeira, nous mangeons chaque midi au restaurant au kilo. Pourtant, il y a des épiceries pour faire les courses et nous avons fait le plein au marché de Maragojipe, mais c'est plus simple de mettre les pieds sous la table ! L'un des restaurants sert un dessert dont nous raffolons : la mousse de maracuja ! Michou aimerait bien avoir la recette mais nous n'osons pas la demander ! Nous chercherons sur Internet ! A Cachoeira, il y a plusieurs cybercafés, mais il faut souvent attendre son tour, ou de préférence arriver à l'ouverture. En effet, de nombreux jeunes passent beaucoup de temps à jouer sur les PC, en réseau ou non. De plus, le débit est faible : l'ADSL n'arrive pas jusqu'ici. Enfin, pour relever le courrier, c'est mieux que rien.

Les coefficients de marée diminuent et il est temps de redescendre la rivière. L'astuce est de partir à marée descendante et ainsi progresser avec le courant. Lorsque nous aurons atteint un petit village devant lequel des pirogues sont mouillées, nous ferons une halte et attendrons la marée montante pour le dernier passage, délicat en progressant contre le courant. Tout se passe bien. Nous zigzaguons et regardons le paysage défiler. Nous bénéficions d'un courant de deux bons noeuds. Peu avant le fameux village, Netjer touche et réussit à repartir sans problème. Cinq minutes plus tard, Anton s'interroge sur les piquets qui marquent le passage étroit et peu profond : ils étaient deux à la montée et là nous en repérons trois. Nous sommes assez près de lui mais notre sondeur indique qu'il y a de l'eau. Tout à coup, la quille touche le fond puis après un petit bond nous repartons et nous stoppons à nouveau. Là, moteur en avant, en arrière, barre à droite ou à gauche, rien n'y fait. Anton nous lance un bout pour nous tracter. Moteur à fond sur les deux bateaux, nous ne sortons toujours pas. La marée descend, le courant nous pousse un peu plus sur le banc de sable. Inutile d'insister, nous sommes plantés et bien plantés. Une énorme île flottante dérive vers nous. Elle s'appuie au bateau et glisse tout doucement mais en bruit, le long de la coque. Impressionnant ! Le bateau commence à pencher sur bâbord et tandis que Jean-Michel et Mégane prennent des photos du bateau qui commence à sérieusement montrer ses flancs, nous gîtons de plus en plus : Semeda pose sa grosse hanche bâbord sur le banc de sable, en douceur. A bord, nous avons tout amarré et finalement, rien ne tombe. Les vestes sur les portemanteaux gîtent. C'est amusant ! Enfin, juste un peu ! Nous nous réfugions sur Groyabada où Michou nous réconforte. Jean-Michel profite de la marée basse lorsque Semeda se retrouve totalement à sec pour gratter la coque. Ca tombe bien, c'était le côté tribord qui avait besoin d'un petit nettoyage ! Michou nous prépare un bon repas pour nous remonter le moral. Jean-Michel et Anton partent en annexe afin de repérer un autre passage, qui est bien plus profond, de l'autre côté de la rivière. Là, on aura de l'eau ! La marée remonte enfin, le carénage est fini. Lorsque le bateau gîte un peu moins, Jean-Michel et Cathy remontent à bord. Progressivement, Semeda se redresse. Le courant le pousse et il gîte un moment sur la hanche tribord avant de se redresser fièrement. Nous mouillons l'ancre pour prévenir une éventuelle panne moteur. Nous n'oublions pas de purger le joint tournant de la ligne d'arbre et lorsque nous flottons tout à fait, nous démarrons le moteur qui repart sans se faire prier. Nous le laissons monter progressivement en température et faisons le point pour la prochaine manoeuvre afin de ne pas prendre la mauvaise route ! L'île qui s'est frottée aux flans de Semeda revient. Elle nous évite mais se dirige tout droit vers Groyabada. Ils relèvent rapidement leur mouillage, laissent passer le mastodonte et remouillent ! Anton nous ramène les filles à bord. Semeda se met sans problème dans l'axe du courant et nous remontons le mouillage. En route vers Maragojipe avec de nouveaux way-points ! Au mouillage, nous retrouvons de nombreux voiliers, venus s'approvisionner au marché. Nous sommes soulagés que finalement tout se soit bien passé. Une expérience dont nous nous serions passés, mais qui nous a permis de voir que Semeda est un bateau solide (nous n'en doutions pas une minute) mais aussi qu'il peut se poser sur sa hanche, car son faible tirant d'eau et la forme de sa coque le lui permettent. Il vaut mieux l'apprendre dans une rivière où le fond est mi-sable mi-vase que sur une barrière de corail.

Après une bonne nuit réparatrice après les évènements de la veille, nous partons de bonne heure au marché. Toujours autant de produits à l'étalage. Nous passons prendre un bon poulet et faisons le plein de fruits et légumes. L'après-midi, nous repartons pour Itaparica. Nous retrouvons au mouillage Netjer qui nous a devancés et les Julos. Nous profitons du calme pour nous détendre un peu. Le dimanche, Xiloa arrive au mouillage, avec des amis brésiliens. Nous passons leur faire un coucou et prenons rendez-vous pour le lendemain à Salvador. Le lundi matin, nous mettons le cap sur la grande ville. Au passage du nord de l'île, le moteur a des ratées : nous en avons un peu l'habitude car le gazole du Sénégal n'était pas de bonne qualité. Nous décantons régulièrement, filtrons, nettoyons les filtres... Mais cette fois, le moteur finit par s'étouffer et ne veut plus rien entendre : c'est la grève. Jean-Michel descend à l'intérieur pour ausculter notre Peugeot malade tandis que Cathy déroule le génois pour rester manoeuvrants. Le diagnostic est évident : il faut changer le filtre à gazole qui doit être bien encrassé mais pour se faire, il faut un peu plus de calme et de plat. Nous empannons et remettons le cap sur Itaparica qui n'est pas bien loin. Quelques virements de bord pour tenter de pénétrer un peu plus la zone de mouillage (pas facile avec toutes les bouées de marque isolée) et nous laissons l'ancre accrocher le fond. Jean-Michel se lance dans la mécanique ; nous avons deux filtres de rechange à bord et n'avons aucun mal à remplacer celui devenu récalcitrant. Après réamorçage du circuit, le moteur ronronne à nouveau. Décidemment, ce gazole nous embête depuis un bon moment. Mais le brésilien est-il meilleur ? Certes il est moins sale mais il n'est sans doute pas aussi propre que celui que l'on trouve chez nos pompistes français. Groyabada et les Julos viennent aux nouvelles et nous proposent leur aide. L'entraide entre les voileux reste très précieuse et nous apprécions ces marques de sympathie.

Nous reprenons notre route et arrivons enfin à Salvador, suivis de près par Groyabada. Le soir, nous sommes à l'apéro sur Xiloa. Leur périple vers Rio leur a beaucoup plu. Ils s'apprêtent à repartir vers la France en avion et laissent leur bateau au Cenab pendant trois semaines. En trois semaines, ils vont voir quantité de monde et vont vivre à 100 à l'heure. Nous leur passons commande d'un ordinateur car le nôtre à rendu l'âme. Cathy a bien démonté la bête de tous les côtés, mais rien n'y fait. Nous la confions à Douglas, un informaticien brésilien qui semble optimiste. Si nous pouvons déjà récupérer le disque dur, ce sera une bonne chose. A présent, si le pc se décide à fonctionner, c'est encore mieux !

Nos amis de Xiloa en route vers la France, nous mettons le cap avec Anton et Michou vers le nord de l'île de Frades pour de nouvelles découvertes. Mais ce sera l'objet du prochain journal de bord car il est temps de mettre en ligne celui-ci. Déjà plus d'un mois au Brésil et nous avons encore tant de choses à voir !

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