Les Iles Canaries

 

La traversée vers les îles Canaries

Graciosa

Lanzarote

Fuerteventura

Gran Canaria

La traversée vers les îles Canaries

Nous quittons le port de Tanger vers 15 heures. Le courant doit être à notre avantage. Eh bien, nous n'avons rien vu, ou plutôt si : il est contraire ! Le vent est de face, la houle s'y met aussi ! Bref, il nous faut avancer au moteur, secoués comme dans un shaker en progressant à tout juste deux noeuds. Prenons notre mal en patience ! Nous avons le Cap Espartel à passer et il est encore loin. Vers 21 heures nous pouvons enfin stopper le moteur et faire un cap plus en rapport avec notre destination. Nous ne voulons pas longer de trop près les cotes d'Afrique car la houle se fait sentir assez tôt du fait de la remontée des fonds. Nous prenons donc une route à 100 milles des côtes. Le vent est d'environ de 25/30 noeuds et le bateau file sous 2 ris et un demi génois. Mégane n'est pas au mieux de sa forme, elle n'a pas faim et de toute façon ne garde pas grand chose. Elle dort beaucoup ; en navigation elle dort désormais dans notre cabine à l'arrière.

Cette première nuit est un peu éprouvante car nous sommes bien secoués. Encore beaucoup de bateaux de commerce qui nous demandent de faire une veille attentive. Au petit matin le vent est toujours aussi fort. Le deuxième jour, nous ferons notre meilleur score, soit 153 milles en 24 h.

Le rythme s'installe dès le troisième jour, Mégane reprend des couleurs. Nous ne trouvons pas les journées trop longues. Lecture et Sudoku sont nos passe-temps préférés. Semeda se comporte parfaitement et pilou-pilou barre tout seul comme un grand. Ce pilote est un Autohelm 6000 avec un vérin du modèle 7000. Il nous donne satisfaction et sa consommation n'est pas trop élevée. Nous faisons tourner de temps en temps le pilote de secours, un Simrad WP 32 monté en direct sur la barre à roue. Il est réservé au petit temps et au moteur.

Du coté énergie d'ailleurs, tout va bien. Les panneaux solaires et l'éolienne tribord compensent bien notre consommation. L'éolienne décroche de temps en temps au portant mais c'est toujours mieux que rien. Un alternateur monté sur la ligne d'arbre serait bien pour être au top. La deuxième éolienne ne fonctionne toujours pas malgré plusieurs démontages. Le problème vient des roulements et nous verrons cela à Dakar ; je pense que l'on y trouvera ce qu'il faut. Toujours est-il que nous n'avons pas besoin de faire tourner le moteur et cela nous convient parfaitement.

La météo se calme un peu le quatrième jour et la moyenne est de 115 milles. Ce n'est pas si mal pour un bateau de 12 tonnes. Dans la soirée nous ferons une pointe à 8 noeuds. La journée du dimanche se passe tranquillement, le vent faiblit encore et nous devons nous résigner à lancer le moteur dans la soirée. Nous passerons la nuit avec un autre voiler qui va à peu près à la même vitesse. Peu de bateau de commerce sur cette route depuis 3 jours.

Nous avons pris la décision d'assurer une veille permanente, même si les navires ne sont pas nombreux. Nous faisons des quarts de 2 ou 3 heures plus une sieste dans la journée. Ce système nous convient bien. Mégane fait un quart de temps en temps ou assure la veille quand nous faisons à manger ou une réparation. Nous nous apercevons que dès lors que le rythme des quarts est pris, nous sommes moins fatigués en mer qu'à terre ! Cathy prend l'habitude de somnoler assise dans le cockpit, tout en gardant ses sens en éveil ; de cette façon, elle fait un tour d'horizon tous les quarts d'heure au plus. Jean-Michel a encore du mal à dormir assis mais s'y entraîne !

Notre dernière nuit en mer est très belle. La lune éclaire notre route d'une douce lumière. Tout est calme. Nous arrivons bientôt mais nous ferions bien encore un peu de route tant nous sommes bien sur la mer. Cathy est subjuguée par le spectacle et ne cède sa place à Jean-Michel qu'après quatre heures de quart, sans même avoir somnolé une seule fois ! Jean-Michel profite de la quiétude de la navigation pour préparer un bon pain qui emplira le carré d'une odeur délicieuse. Le moteur ronronnant, il en profite pour faire tourner le dessalinisateur et remplir nos réservoirs de 200 nouveaux litres d'eau. Au petit matin, tout le monde est réveillé : notre premier poisson a enfin daigné honorer notre rapala de sa gourmandise ! Nous hissons à bord une dorade coryphène légèrement noyée, la pauvre. Elle est juste à la bonne taille pour un bon repas à quatre ! L'avait-elle deviné ?

Nous passons entre les deux îles : Graciosa et Lanzarote. Le spectacle est magnifique. Nous sommes dans un nouveau monde ! Nous longeons le petit port et nous dirigeons vers le mouillage tant réputé chez les équipages français "Playa Francesca". La pioche descend du davier pour nous assurer pendant plusieurs jours. Le mouillage est ici de bonne tenue et nous sommes tranquilles.

 

Graciosa

A peine le mouillage terminé, les enfants de Farouell (arrivés la veille) viennent chercher les filles pour une ascension du volcan. Elles partent sans même leurs chaussures, ravies de s'élancer à la découverte de ce nouveau monde ! Au mouillage, beaucoup de bateaux voyagent en famille et les enfants font très rapidement connaissance. Nous avions entendu que les enfants navigateurs étaient peu nombreux et que nous risquions ainsi d'isoler nos enfants du monde ; en fait, nous avons plutôt du mal à garder les filles à bord !

Nous mettons un peu d'ordre dans le bateau. Après une navigation, même si celle-ci était assez confortable, il nous faut remettre l'intérieur du bateau en configuration "mouillage" : les oreillers reprennent leur place, les sacs de couchage sont rangés dans les coffres, le gilet de sauvetage autogonflant reprend son poste d'attente dans la penderie... Un peu de nettoyage de l'intérieur du bateau n'est pas un luxe non plus, et nous poussons même jusqu'à laver du linge ! Les panneaux solaires sont nettoyés à la serpillière en microfibre (merci à Maryse et Gérard pour ce super tuyau !). Après quoi, un peu de discussion ne sera pas de refus : nous passons chercher Fabrice et Françoise sur le Farouell pour "tailler une bavette". Le temps passe vite et à la nuit tombée, nous réalisons que les filles ne sont toujours pas rentrées !! Apercevant du feu sur la plage, Jean-Michel prend l'annexe : il s'agit de Mathieu qui réalise de superbes figures avec des boules enflammées. Les filles rentrent à bord avec Jean-Michel ; elles ont un peu froid, mais sont ravies de leur journée ! L'ascension du volcan leur a beaucoup plu. La haut, la partie nord-ouest du cône s'est écroulée. Selon Daphnée, c'est Obélix qui l'a cassée ! Une autre explication ?!

Les journées se déroulent tranquillement sur Graciosa. Une bonne marche de 45 mn nous amène jusqu'au petit village de pêcheurs où nous pouvons nous ravitailler, faire un tour au cybercafé pour relever ou envoyer notre courrier et surtout surveiller la météo. Le vent du sud rend vite le mouillage inconfortable. A la boucherie "Don Cochon", nous trouvons de l'excellente viande à prix tout à fait raisonnable. Trois superettes sont bien achalandées et nous y trouvons notre bonheur. Nous pouvons même y acheter le rhum "Bacardi" à 5 € la bouteille, tandis que dans les autres îles il se vend entre 12 et 15 €. Nous regretterons par la suite de ne pas en avoir fait un petit stock, même si ce n'est pas le meilleur rhum, mais surtout un des rares que l'on trouve aux Canaries ! Les pêcheurs font sécher les sardines à même le sol, protégées de l'assaut des oiseaux par un filet.

Nous choisissons parfois de nous rendre au port en annexe : le trajet se fait en 10 mn ! Nous y allons un soir avec Fabrice et Françoise et passons rendre visite à Pierre et Candida de Annapoorna Devi. Nous prenons avec eux l'apéritif et arrivons au mouillage à la nuit tombée. Les enfants ont préparé le barbecue pour la fête organisée ce soir sur la plage. Une grande partie des voiliers au mouillage y sont invités. Nous faisons ainsi connaissance plus facilement. Nous rentrons nous coucher à 3 h du matin. Le lendemain, l'école est fermée : tout le monde est fatigué !

Sur l'île, il y a de la pêche ; à pieds, on peut aussi ramasser des bigorneaux à marée basse, même si ceux-ci sont un peu petits. Mais nous avons tout le temps pour manger tranquillement, non ?!

Les jours passent et nous farnientons avec plaisir. Le vent de sud s'annonce et il nous faut envisager de changer d'île. Avant de partir, nous monterons jusqu'au sommet du volcan avec les équipages du Kirikou et de Gwenvidick : les filles y sont allées le premier jour de notre arrivée, et nous avons attendu la veille de notre départ ! De là-haut, le panorama est magnifique. On saisit mieux la dimension de l'île et son isolement par rapport aux autres.

Nous serions bien restés plus longtemps sur l'île. Si UNE île est à ne pas manquer aux Canaries, il s'agit bien de Graciosa. Elle correspond réellement à ce que le navigateur recherche à l'escale : plage, pêche, petit port tranquille pour le ravitaillement, le café en terrasse, le bricolage éventuel avec les artisans du coin, balades, couchers de soleil, barbecues avec les équipages voisins... Les enfants peuvent y jouer aux robinsons sans danger ni risque de se faire agresser. Il est fort dommage que le temps se voit limité par la météo qui rend le mouillage très inconfortable voire dangereux dès que le vent de sud se lève. Mais chaque paradis a ses limites !

 

Lanzarote

Nous quittons l'île le samedi 14 octobre, cap sur le sud de Lanzarote où nous mouillerons devant la marina Rubicon. La Playa Blanca ayant disparu, remplacée par une marina moderne et très bien équipée. La route se fait sous spi, le vent étant très faible. Pour la dernière ligne droite, le moteur est sollicité. Kirikou est déjà au mouillage, à côté de Gwenvidick, devant la marina Rubicon. Le fond n'est pas d'excellente tenue, mais le vent du sud n'est pas encore levé. Pour un jour ou deux, cela nous convient.

Le deuxième jour, nous sommes priés d'aller mouiller plus loin, à un mille de l'entrée de la marina car le mouillage où nous sommes fait partie de l'espace de la marina, nous disent-ils. Nous nous rendons à la capitainerie pour réserver notre place de port pour le lendemain et alors, nous sommes autorisés à rester au mouillage jusque là. Allez comprendre ! Les Farouell étant déjà à quai, les enfants sont invités à profiter de la piscine. Pas d'hésitation ! Les cahiers d'école attendront encore un peu !

La marina Rubicon est digne des marinas européennes. Mieux peut-être. Les places y sont larges et les catway très bien dimensionnés. Eaux et électricité à chaque place. Sanitaires très propres à disposition. La piscine attend les équipages petits et grands. Le wifi est également proposé, mais les relais ne fonctionnent pas toujours très bien. Attention à vérifier la réception du réseau avant de souscrire un abonnement. Il vous en coûtera 5 € par jour pour surfer depuis votre bateau. Nous en avons profité pour acheter notre nom de domaine. Cela nous permettra de mettre à jour notre site plus régulièrement, sans embêter notre beau-frère Hervé qui nous a bien dépannés jusqu'à présent. Merci à lui pour son aide précieuse.

La superette de la marina propose l'essentiel des produits mais à des prix ne défiant aucune concurrence. Nous n'y achetons que le minimum tant cela nous dégoûte d'être ainsi considérés comme des touristes aux poches pleines. Deux machines à laver attendent notre linge : ouf, c'est moins fatiguant que de frotter ! A 5 € les 8 kg de linge, nous en profitons. Il y a également des sèche-linge, mais nous les boudons : nous préférons tendre des bouts pour décorer notre bateau et le laisser sécher tranquillement, même si le prospectus de la marina nous précise l'interdiction de ce procédé. D'ailleurs, aucun reproche ne nous sera fait !

Nous louons une voiture pour visiter l'intérieur de l'île. Nous commençons par une descente à Arecife, pensant pouvoir remplir les coffres du bateau à prix raisonnables. Eh bien, erreur une fois encore ! Les touristes aux poches pleines sont passés par là et ont fait monter les prix. Nous ne prendrons encore que l'essentiel. Du côté du port, nous nous arrêtons chez un shipchandler où nous trouvons en partie ce qui nous manquait pour le bateau. Nous continuons notre route vers le nord de l'île et nous arrêtons au jardin des cactus. La visite est intéressante et nous sommes surpris par le nombre d'espèces, des plus petits aux plus grands.

Nous poursuivons vers le nord avant de redescendre par la côte ouest de l'île. Nous aurions bien fait quelques visites supplémentaires, mais les prix demandés sont exorbitants. Le comble : le "Mirador del Rio" d'où vous avez une vue sur l'île de Graciosa. Il est demandé 4,70 € à chaque personne voulant observer l'île depuis le mirador ; en continuant la route sur 200 mètres, vous avez le même point de vue, gratuit. Un autre mirador sur la côte ouest de l'île propose mieux : vous allez observer la vue avec votre propre voiture, mais il vous en coûtera 8 € par personne (et non pas par voiture), soit pour nous 32 ! L'île est très belle avec tous ces volcans, certes, mais il semble que la chaleur soit montée à la tête des commerçants ! Non, tous les touristes n'ont pas les poches qui débordent de billets, et non, tous les touristes ne sont pas couillons ! Nous rendons la voiture le soir même, fatigués d'avoir roulé et surtout déçus de constater que l'île décrite comme la plus sauvage a succombé aux billets européens. Nous arrivons sans doute un peu trop tard pour visiter ces îles car le constat sera le même sur Fuerteventura et Gran Canaria. Dommage.

 

Fuerteventura

Nous quittons la marina Rubicon et son luxe pour nous rendre au nord de Fuerteventura. Le passage de El Rio se fait avec la longue houle de l'arrière. Nous prenons sur tribord pour aller mouiller devant le petit port de Corralejo et laissons la houle se fracasser non loin de nous, pour le plus grand plaisir des surfeurs. Le mouillage est de très mauvaise tenue car le sable au fond est compacté comme du béton et la pioche refuse de s'y enfoncer. Nous nous y reprenons à trois reprises avant de trouver un fond correct. Nous retrouvons au mouillage les Marana, famille sympathique de La Rochelle. Le port est très agréable et il est plaisant de se promener dans les petites rues. De nombreuses supérettes nous permettent de nous ravitailler et les cybercafés ne manquent pas. Nous trouvons enfin une mercerie où acheter des tissus de coton de toutes les couleurs : nous allons pouvoir sortir la machine à coudre pour confectionner les pavillons de courtoisie pour les prochaines escales et aussi remplacer notre pavillon français qui commence sérieusement à faire grise mine ! Nous passons une journée au mouillage sur l'île de Lobos, de l'autre côté del Rio. Le vent et la houle ne nous mettent pas en confiance et nous restons à bord, profitant tout de même de l'eau très claire pour nous baigner et prendre notre premier bain depuis bien longtemps. En revenant au mouillage nous profitons de la place du catamaran qui a appareillé : il était mouillé sur une des rares plaques de sable meuble ! Le vent peut monter, nous sommes bien crochés !! Quelques jours plus tard le voilier Canadien mouillé devant nous essaye d'appareiller, mais en vain. Jean Michel devra plonger pour comprendre qu'il s'est pris dans un ancien corps mort. Avec l'aide de l'annexe et de notre puissant hors bord nous parviendrons à le décrocher après une bonne demi-heure de travail. Rendez-vous est pris avec ce Canadien pour un rhum au Cap vert ou au Antilles.

Après cinq jours que nous ne voyons pas passer, nous descendons le long de la côte Est de l'île. Il existe bien des plages de sable blanc comme sur les cartes postales ; seulement, les photos datent un peu ! Les immeubles pour touristes sont sortis de terre depuis et de nombreuses grues sont au travail un peu partout sur les îles. En passant El Rio entre les deux îles, un poisson-serpent mord à notre hameçon ! Il n'est pas bien grand mais conviendra pour un repas à quatre ! Ce ne sera pas le meilleur, mais cela fait des protéines fraîches !

Au cours de la journée, les vents passent de 8 à 30 noeuds et nous font bien progresser. Nous arrivons le soir même au port de Grand Tarajal où nous trouvons un poste d'amarrage gratuit pour la durée du week-end. La petite ville est sympa et nous déambulerons dans les rues avec l'équipage du Marana. La soirée se termine sur le Semeda autour d'une paella bateau improvisée avec les moyens du bord. Dans tous les ports, on trouve un service de sécurité qui est là non pas pour contrôler les plaisanciers mais pour contrôler l'immigration clandestine notamment venue d'Afrique. La croix rouge a d'ailleurs sur chaque quai un ou deux containers qui servent à l'accueil de ces réfugiés. Les ports sont donc sûrs mais il est conseillé de tout fermer quand on part en ville.

C'est le dimanche matin aux aurores que nous partons avec le Marana dans notre sillage. Le vent nous lâchera avant l'arrivée à Morro Jable qui est le port le plus au sud de Fuerteventura. Sous un soleil radieux, nous faisons notre entrée et nous trouvons immédiatement le "ponton visiteurs". En, effet c'est le plus déglingué du port et il n'a ni eau ni électricité. Cela ne nous gêne pas car nous sommes au max d'eau et sommes super autonomes avec nos panneaux solaires et l'éolienne tribord (la bâbord est toujours en panne et attend Dakar pour une révision complète). Nous allons visiter le petit village de Moro Jable. En chemin, nous sommes surpris de longer des épaves de bateaux, laissées à l'abandon au bord de la route. Pourtant, les touristes commencent à investir les lieux et la grande plage de sable blanc est recouverte de transat avec parasols qui attendent les candidats aux coups de soleil.

Nous retrouvons l'équipage du Kirikou, Cercamon, Seakedelic, ainsi que d'autres. Le soir un apéritif ponton rassemble tous les français du coin. Les enfants font connaissance d'une famille Néo-zélandaise en route depuis 6 ans. Soirée monopoly et pizza scellerons cette nouvelle amitié. Rendez-vous est pris pour une escale chez les Kiwis.

Il est temps pour nous de continuer vers l'Ouest. Nous préparons notre route pour rejoindre Tenerife, en passant par le nord de Gran Canaria. Toutes voiles dessus, nous arrondissons le sud de l'île de Fuerteventura avant de mettre le cap au Nord-Ouest. Les livres sont sortis et chacun vaque à ses occupations favorites en navigation, pendant que notre fidèle pilote barre pour nous. Le vent prévu sera finalement plus faible avant de finir par nous lâcher complètement. Passer la nuit en mer ne nous tente pas, d'autant que les lumières de Gran Canaria sont devant nous. Nous lançons le moteur et faisons route sur Las Palmas.

Gran Canaria

Nous arrivons de nuit devant le port et scrutons de tous côtés car de nombreux tankers sont au mouillage devant le port. C'est en passant à côté d'une bouée verte non éclairée que nous remarquerons sa présence : non indiquée sur les cartes et non visible de la mer. Nous redoublons de vigilance si c'est encore possible ! Les cartes que nous possédons ne sont pas à jour et pourtant, elles ne sont pas si anciennes que cela ! Mais ici, comme dans toutes les Canaries, les constructions vont bon train et d'une année sur l'autre, tout est transformé. Pensant nous rendre au mouillage, nous franchissons les digues de la marina qui sont elles aussi modifiées. Qu'à cela ne tienne, demi-tour, nous allons derrière et prenons notre place au milieu des nombreux plaisanciers qui nous ont précédés. La nuit sera... rouleuse au possible ! Nous devons nous tenir à notre matelas pour ne pas tomber ! Au petit matin, n'y tenant plus, nous appareillons, le café à peine descendu dans l'estomac ! Nous reprenons notre route sur Tenerife.

Le route commence gentiment et nous doublons le nord de l'île. La navigation est confortable et nous croisons de nombreux bateaux gris (militaires) qui se rendent à Puerto La Luz. Peu après 9h, le vent nous lâche et nous devons lancer le moteur. Puis, le voilà qui se relève ainsi que la houle, mais dans le nez ! Il monte ainsi jusqu'à midi où nous sommes obligés de prendre un ris dans la Grand voile. A peine est-il pris qu'une magnifique dorade coryphène mord à notre hameçon ! C'est un peu sport pour la remonter entre sa vivacité et la mer, mais elle fait comme chaque poisson que nous remontons : elle file se cacher au milieu des bouteilles de gaz ! Le temps de mettre fin à son agonie, nous prenons le deuxième ris. Le vent montant toujours et ayant atteint les 30 noeuds, nous ne serons pas à Tenerife ce soir. Nous décidons de faire demi-tour et de reprendre notre place au mouillage devant Las Palmas. La navigation enfin au portant est bien plus confortable et Jean-Michel en profite pour prélever de notre dorade de magnifiques filets. Et voilà que le vent se remet à nous jouer des tours : il est de nouveau dans le nez, mais dans l'autre sens ! Nous avions l'habitude de ses vilains tours en Méditerranée, mais c'est bien la première fois qu'il nous fait la même chose en Atlantique ! Le vent monte encore et atteint les 34 noeuds au nord de Gran Canaria, et Semeda retombe dans le creux des vagues en faisant trembler le gréement. Jean-Michel a mal pour le bateau, mais il faut progresser. L'approche du port est lente et sportive.

Nous nous dirigeons directement vers la marina, pour le cas où une place serait disponible. Nous nous mettons à couple d'un bateau anglais qui participe à l'ARC (traversée de l'Atlantique avec assistance) ; il n'est pas ravi de saisir nos amarres et l'un des équipiers ne sait d'ailleurs pas quoi en faire ! A ce demander s'il est réellement candidat à la traversée de l'Atlantique ! Rapidement, un marinero viendra nous déloger : nous ne participons pas à l'ARC et ne sommes pas les bienvenus : du balai ! Il ne prend pas la peine de vérifier que nous comprenons l'espagnol et nous intime l'ordre de quitter la marina. Ses gestes sont suffisamment explicites ! Nous n'insistons pas car il est si peu sympathique que nous préférons ne pas le revoir.

Nous retrouvons notre place au mouillage et peu importe si nous roulons encore cette nuit ! Le bilan est tout de même mitigé : la dorade nous fait bien plaisir, certes, mais le bateau a tout de même souffert : une mauvaise vague a fait sauter notre ancre du davier, laquelle retenue par sa chaîne au guindeau et son amarre au balcon a réussi à taper contre l'étrave et aussi à faire plier l'avant du balcon. Rien de grave, mais des travaux en perspective.

Finalement, la nuit au mouillage est confortable. Certes, le mouillage est un peu rouleur, mais rien de comparable avec notre première nuit. Nous mettons notre annexe à l'eau. Ici, elle est indispensable. La marina nous autorise à la laisser amarrée à leurs pontons pour aller en ville. Nous allons à la découverte de Las Palmas, sacs sur le dos. Nous repérons rapidement les "Hyperdino", supermarchés bien achalandés même si les prix sont canariens. Les cybercafés ne courent pas les rues : seule la bibliothèque (juste à côté de la "estación de Guagua") propose gratuitement la consultation sur Internet, mais limitée à 15 mn, et sans possibilité de connecter de clé USB. Nous finirons par trouver près du shipchandler de la marina un café "du port" qui propose une connexion filaire : vous venez avec votre pc portable, vous consommez una cervesa et vous pouvez surfer sur le web. A certaines heures, il faut attendre son tour et ne pas abuser sur le temps de connexion, mais le principe est sympa et bien pratique, vu le nombre très peu élevé de cybercafé dans la ville. A noter que ce café n'ouvre qu'à partir de 12h.

Nous mettons à profit cette escale pour compléter nos réserves dans les cales. Nous ne savons pas comment sera l'approvisionnement à Dakar et mieux vaut anticiper avec ce que l'on trouve sur place. Nous partons donc à quatre avec chacun un sac sur le dos et revenons chargés comme des mules ! Dès l'arrivée à bord, tout le monde participe au rangement afin de faire disparaître rapidement nos vivres dans les coffres. De l'eau fraîche pour nous réhydrater est la bienvenue, mais inutile de rêver à un bon bain de mer : l'eau au mouillage est plus que repoussante. D'ailleurs, notre coque pourrait en témoigner ! Après une nappe de pétrole ayant dérivé durant la nuit, nous avons soigneusement nettoyé les flancs de Semeda avec du white spirit. Le lendemain, une nouvelle nappe réduisait notre travail à néant. C'en est trop ! Nous reportons ce travail pour Dakar ! La veille de notre départ, nous avons passé une heure à briquer notre annexe qui avait, la malheureuse, passé du temps à nous attendre dans la marina. Pourtant, à chaque retour à bord, nous la hissons sur le portique afin de la laisser le moins longtemps possible à l'eau. Malgré cela, elle est souillée de pétrole et il nous faut de la bonne huile de coude pour en venir à bout. Las Palmas, connu comme le port le plus sale des Canaries est à la hauteur de sa réputation.

Nous passons au port faire le plein de gazole : ici, le litre est à 0,63 € le litre. C'est bien un des rares prix intéressants aux Canaries ! Ainsi, la météo étant bonne pour faire route vers Dakar, nous partons avec les réservoirs pleins.

Le mardi 7 novembre à 11h, grand voile et génois hauts, nous faisons route vers le Sénégal. La météo nous prévoit du vent de 10 à 20 noeuds de N-E pour la semaine à venir.

 

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