Saint Vincent
Les Grenadines
Sainte Lucie
Saint Vincent
Noël approche à grands pas. Dans les îles, la chaleur aidant, Noël a tendance à passer inaperçu: pas de décoration ou très peu, pas de chants de Noël, pas de Père Noël dans les rues (il fait trop chaud, les pauvres !)... Mais nous essayons de garder une certaine magie pour les enfants. Pour elle, c'est l'occasion de recevoir quelques cadeaux, chose rare à bord ! Encore une semaine d'attente. Hier, nous avons fêté l'anniversaire de Daphnée en famille. Même Sébastien, notre fils, a été de la fête au téléphone ! Daphnée a soufflé ses bougies disposées sur un tas de crêpes qu'elle a elle-même confectionnées !
Nous relevons une nouvelle fois le mouillage et mettons le cap sur l'île de Saint Vincent. Le moteur appuie les voiles et le dessal est en production. Nous longeons les côtes de l'île et remontons au Nord en restant le plus près possible de la côte. Ainsi, nous gagnons en cap pour la traversée du chenal où le courant et le vent auront vite fait de nous faire glisser à l'Ouest. Nous arrivons à Young Island, tout au Sud de l'île. Là, un boat-boy vient à notre rencontre pour nous proposer une bouée. Non, nous n'en voulons pas. Sur notre carte, tirée du tout dernier "Doyle" édition 2007, le mouillage est libre. Nous sommes très surpris de voir la quantité de bouées, allant jusqu'à les placer à des endroits peu abrités. La seule zone de mouillage possible est bien évidemment très inconfortable. Encore une fois le bon touriste en bateau doit payer. C'est le problème des Grenadines ou bon nombre de catamarans de location navigue. De plus, l'île a mauvaise réputation, et il ne doit pas faire bon mouiller sans donner une obole à un boat-boy. Pas de problème, nous avons le temps, donc nous continuons notre route. Nous passons devant Kingston, la capitale mais là non plus, la zone de mouillage éventuelle n'est pas attirante. Bon, eh bien, il nous reste à pousser jusqu'à Wallilabu bay ! A 13 heures, nous mouillons enfin notre ancre : nous attendons d'avoir 15 m d'eau à l'avant pour mouiller et passons notre amarre à un boat-boy qui la frappe à terre. Bien évidemment, tout cela est payant ! Puis, tout un tas de pirogues, planches à voile sans voile... nous accostent et les boat-boys nous proposent fruits, légumes, colliers... Nous faisons la causette cinq minutes, prenons quelques fruits et hop, chacun chez soi ! Nous sommes mouillés à côté du catamaran Manta qui nous racontent leur mésaventure : la veille, durant la nuit, un homme est monté à bord et a emporté leur sac à dos présent sur la table à carte, et contenant papiers du bateau, passeports, argent en $EC et en Euros. Ils avaient eu la négligence de ne pas le ramasser la veille, éreintés par les formalités obligatoires sur les îles. Ils ont bien essayé en s'assurant du secours des boat-boys présents dans la baie (en leur offrant une récompense de 50 $EC par papier retrouvé), de dénicher le coupable, mais sans résultat. Il leur reste à présent à remonter en Martinique où ils feront la déclaration de vol et demanderons à nouveau tous les papiers nécessaires au voyage.
Nous sommes un peu refroidis. Dans cette baie, les décors du film "Pirates des Caraïbes" sont encore présents, mais il semblerait que les producteurs aient oublié également d'emporter les pirates qui vont avec. Nous restons à bord, et informons les "Grikipak" qui arrivent à leur tour. Le lendemain, nous organisons un tour avec eux : le matin, ils surveillent le bateau pendant que nous sommes à Kingston et l'après-midi, nous surveillons le leur. De bonne heure, Jean-Louis nous conduit à terre avec l'annexe (pas beaucoup car nous sommes très proches du rivage !). Sur la route, nous faisons signe aux maxi-taxi que nous voulons aller à la capitale, mais nombre d'entre eux sont pleins à craquer. Finalement, nous nous engouffrons avec difficulté dans l'un d'eux. Mégane est assise de profil, une jambe sur l'autre, Jean-Michel a lui aussi maigri tout à coup, coincé entre une matrone et un costaud, et Cathy qui n'étouffe pas tout à fait a pris Daphnée sur ses genoux. Ouf ! On va y arriver ! Enfin, faisons une prière avant car la conduite ici est des plus démentielles ! Nous trouvions notre aventure sur Tobago originale, mais là, ça dépasse tout ! Le chauffeur enfonce toujours la pédale d'accélération, ne la lâchant qu'à la dernière minute, arrivé à l'ouverture d'un virage, et enfonce alors le frein. Juste ce qu'il faut pour ne pas se retrouver sur le toit et au milieu du virage, il enfonce à nouveau la pédale d'accélération ! Cela se comprend quand on voit le relief de l'île : sans élan, il ne monte pas et nous devrions tous descendre pour pousser la bête. Mais, les virages ne sont pas de simples chicanes ! Ce sont de véritables épingles à cheveux tordues, car nous arrivons de l'altitude pour descendre, ou l'inverse. Jean-Michel et Cathy ont choisi de regarder le paysage qui défile à toute allure plutôt que de penser à l'éventuelle arrivée à la capitale. Heureusement, la musique (à fond comme tout le reste ici !) est là pour faire oublier le danger ! Nous arrivons finalement à Kingston, tous entiers, et reprenons peu à peu forme normale : Mégane se remet de face et Jean-Michel retrouve ses rondeurs ! Ouf, on l'a échappé belle ! Nous déambulons dans les rues et repérons les douanes et l'immigration pour d'éventuelles formalités. Nous trouvons quelques magasins pour faire des emplettes et trouvons quelques idées de cadeaux pour Noël. Il ne sera pas gras cette année, mais les filles comprennent qu'à Saint Vincent, le choix est un peu limité ! Au retour, nous retrouvons un maxi-taxi et le chemin du retour est à peu près identique qu'à l'aller. Finalement, nous retrouvons notre Semeda avec plaisir et le trouvons fort sécurisant !
Comme les décors du film sont là, nous en profitons pour déambuler dans la baie. Malheureusement, le manque d'entretien rend la dégradation inévitable. Ils vivent sur des acquis mais ne songent pas à l'avenir. Pourtant, nous voyons sans arrêt des cars remplis de touristes, venus visiter les décors du film devenu culte. Les devises rentrent et de nombreux petits vendeurs gagnent quelques sous en vendant diverses babioles. Dans quelques années, tout aura disparu et les touristes aussi.
Mégane se rend en annexe sur la plage pour récupérer notre amarre. Nous n'allons pas bien loin : à Cumberland Bay, la baie voisine. Là, nos amis du voilier Yassa devraient nous rejoindre pour les fêtes de fin d'année. Un restaurant tenu par des français doit nous accueillir pour le réveillon. Eh bien, prenons un peu d'avance ! Les Grikipak sont déjà ancrés dans un petit renfoncement bien sympathique. Nous allons jusqu'au fond de la baie de nous amarrons devant le Black Baron. Un boat-boy prend notre amarre et va la tourner autour d'un cocotier. Quelques collègues à lui nous proposent des fruits et légumes, et après avoir que nous ayons fait notre marché, ils nous laissent tranquilles. Ils sont beaucoup moins insistants et envahissants que dans la baie voisine. Nous allons à terre, rendre visite à Line et Bruno du Black Baron. L'accueil est formidable : nous sommes ici chez nous ! Nous pouvons boire tranquillement au bar, ou à une table, consulter les revues que d'autres bateaux ont laissées pour les futurs navigateurs de passage, le wifi est à disposition, nous pouvons manger au restaurant le soir ou rester manger à bord... Que demande le peuple ! Daphnée a vite fait d'aller fouiner dans la cuisine de Line. Elle se fait embaucher rapidement comme aide et se retrouve le soir déguisée en pirate-serveuse ! Elle se régale. Depuis que nous voyageons, Daphnée est très souvent en cuisine, nous préparant pancakes, crêpes, spaghetti carbonara... De voir une si grande cuisine lui donne de nouvelles idées. Jean-Michel aussi aimerait bien rendre service en cuisine !
Jean-Michel et Cathy vont se promener sur les hauteurs de la baie. D'après Line, la vue est magnifique de là-haut. Pour atteindre la route, il faut d'abord traverser la rivière qui se jette dans la baie. L'eau est rafraîchissante et le courant dévie nos pas. La route serpente et les conducteurs de voitures y roulent comme des fadas. Nous rencontrons un camion livreur de boissons sucrées. Le principe est simple : les gens portent jusqu'au bord de la route les bouteilles vides consignées et le livreur les remplace par des pleines. Certaines familles sont raisonnables, d'autres ne doivent pas boire beaucoup d'eau ! La vue sur la baie est superbe, Line ne s'était pas trompée. Plus haut, nous pouvons observer la côte plus au nord et les moutons que nous y voyons nous confirment que nous sommes bien à l'abri. La descente sera moins fatigante que la montée mais il faut chaud. L'eau de la rivière sera la bienvenue. Au Black Baron, Line nous annonce qu'un des bébés colibris a pris son envol. Un couple de colibri s'est réfugié dans son jardin et y ont construit leur nid. Il reste un petit dans le nid que Cathy s'empresse de photographier. Heureusement, car très peu de temps après, il a mis lui aussi les voiles. Au mouillage, des pêcheurs ont pris soin de disposer un filet en arc de cercle afin d'y emprisonner les poissons. On se demande comment ils peuvent se comprendre car c'est une véritable cacophonie, chacun y allant de son conseil. Sur la plage, un groupe d'une dizaine de personnes tirent le filet à son extrémité, tandis que dans deux barques les pêcheurs tapent sur la surface de l'eau afin d'effrayer les poissons et les inciter à aller vers la plage. Nous observons la manoeuvre, et voyons de nombreux poissons sauter désespérément afin de trouver la sortie de ce piège. Cela fait un moment que plus rien ne progresse. Un des pêcheurs prend une bouteille de plongée sous le bras et descend, un détenteur en bouche. Il semble que le filet soit bloqué sous une patate de corail. Voyant que les efforts du plongeur ne sont pas couronnés de succès, Jean-Michel propose son aide. Il est aussitôt accepté dans le groupe et chacun l'observe revêtir son équipement. Il nage jusqu'à l'endroit où le filet est bloqué, plonge dans une eau pas très chaude. Vingt mètres plus bas il décoince rapidement le précieux outil de travail. Les pêcheurs sont ravis car leur matériel n'est pas abîmé et les poissons sont toujours là. Jean-Michel en profite pour rester près du filet, observant sa progression sous l'eau, prêt à intervenir si besoin est.
Sur la plage, les poissons s'étalent rapidement, de plus en plus nombreux. Les pêcheurs nous annoncent que nous serons de la fête pour les avoir aidés ! Sympas les mecs, mais le plaisir était aussi pour nous ! Finalement, nous serons récompensés par un très beau poisson (parmi les plus gros). Au barbecue, c'est une merveille ! Après le départ de l'équipe, nous remarquons que sur la plage, de nombreux petits poissons de la taille des sardines sont abandonnés. Nous allons faire une seconde pêche et ils seront à leur tour délicieux grillés au feu de bois. Finalement, on se demande qui a été le plus gagnant ! Après l'épisode du filet et pendant tout notre séjour dans cette magnifique baie, tous les pêcheurs nous saluent chaque jour.
Pour changer du poisson, nous nous offrons un bon repas au restaurant. Daphnée qui a disparu l'après-midi réapparaît déguisée en pirate. Elle nous accueille, nous conduit à notre table, prend les commandes et nous apporte les apéritifs qu'elle a elle-même préparés. Nous passons une très agréable soirée, et Daphnée finit par nous rejoindre à notre table ! Le dimanche, Line réalise que son aide-cuisinière est de congé et qu'elle a besoin d'aide pour couper le "cochon grillé". Jean-Michel arrive alors au bon moment et montre à Bruno comment procéder. Durant cette soirée, Jean-Michel cuisine et dresse les assiettes avec Line, Mégane et Daphnée sont au service et Cathy qui attendait au bar, finit par aider en cuisine et se retrouve à la plonge ! Nous nous sommes tous bien amusés !
Nous n'avons plus d'oeufs et à chaque course, nous revenons bredouilles. Line et Bruno nous indiquent le chemin pour nous rendre au village le plus proche et nous partons avec Michel et Claude du catamaran Miclo. Nous passons au bord d'un champ couvert d'ananas mais nous contentons de les photographier. A l'épicerie du village, il n'y a toujours pas d'oeufs. Visiblement, la pénurie perdure, tant sur Bequia que sur St Vincent. Nous rapportons du bacon et Jean-Michel fait découper à la hache une belle part d'un porc tout frais (enfin, exposé au soleil, il a tendance à se réchauffer !). Encore du barbecue en perspective ! Nous parlons avec Claude et Michel de leur choix de vie : ils s'en sortent très bien en conciliant une petite affaire dans le Sud de la France qui fonctionne six mois de l'année, les six autres mois étant consacrés à la navigation dans les Caraïbes.
Noël approche. Nous guettons les catamarans entrant dans la baie. Les Yassa que nous attendons avec impatience se présentent enfin ! Nous sommes ravis de les retrouver et de faire connaissance avec les parents de Valérie. Cela fait longtemps que nous ne nous sommes pas vus et avons beaucoup de choses à nous raconter ! Les enfants aussi sont enchantés, tout particulièrement Mégane qui trouve une amie de son âge, qu'elle connaît depuis son enfance et avec qui elle a de vraies affinités. Enfin ! Depuis le départ, Mégane n'a pas rencontré d'adolescente de son âge sur les bateaux. Daphnée a eu plus de chance. Pour le réveillon, une grande partie des équipages de la baie font la fête ensemble, au Black Baron. Line et Bruno sont avec nous et les enfants ont été fouiller dans les costumes de Line. Le repas est divin et Cathy ne résiste pas à photographier sa langouste ! Sait-on jamais que la photo reprenne vie un jour ! Miam ! Au petit matin, le Père Noël a une nouvelle fois fait une glissade le long de notre mât et les claquettes au pied de notre mini-sapin sont cachées par des paquets !
Les Grenadines
Les Yassa étant venus faire un tour dans les Grenadines, accompagnés par leurs amis du catamaran Dueto, nous les suivons d'île en île. Notre première escale est sur Bequia, à Port Elizabeth que nous aimons beaucoup, même si le mouillage est venté. Nous retrouvons quasiment notre précédente place, devant la petite plage au Sud de la baie. Nous allons en ville en annexe mais celle-ci continue de nous faire des problèmes : elle fume beaucoup, s'étouffe. Jean-Michel regarde le carter d'huile : il est à nouveau rempli d'essence. Une nouvelle vidange est nécessaire. A ce rythme, il va nous falloir beaucoup de bidons d'huile ! Jean-Michel réfléchit au problème et pense avoir trouvé son origine. Nous verrons cela au prochain mouillage. Nous continuons notre route jusqu'à Mayreau. A peine sommes nous au Sud de Bequia qu'une bonite mord à notre hameçon. Cinq minutes plus tard, une autre bonite vient goûter notre deuxième rapala. De bons repas en perspective ! Nous mouillons à Saline Bay où nous avions tant roulé. Cette fois, le mouillage est très confortable et surtout, aucune musique ne vient troubler notre sommeil. Jean-Michel pense avoir compris la raison du disfonctionnement de notre moteur hors bord. Il démonte à nouveau le carter d'huile et observe la pompe à essence qui y est accolée. Entre les deux pièces, un joint circulaire empêche l'essence de passer dans le carter lors des accélérations. Ce joint semble poreux mais nous n'avons rien pour le remplacer car il est vraiment particulier. Pourtant, il faut fabriquer un joint de fortune et ceci sera fait avec une brique UHT de lait. La découpe n'est pas simple, mais les boites de lait ont bonne réputation en matière de joint ! Dès qu'il est en place, Jean-Michel nous explique : le joint empêche l'essence de passer dans l'huile, mais la pompe devient de ce fait inactive car le piston est bloqué dans cette position. Il nous faudra pomper avec la poire sur la durite de la nourrice du réservoir d'essence dès que nous aurons lancé le moteur. Le tout sera de trouver le rythme car notre 4 temps se noie très facilement. Les premiers essais sont concluants, restent à voir dans le temps jusqu'à remplacement complet de la pièce.
Le lendemain, dans la matinée, nous relevons l'ancre pour aller mouiller à Salt Whistle Bay un peu plus au Nord. A notre arrivée, beaucoup de bateaux sont partis mais le mouillage se remplit rapidement. Nous allons marcher jusqu'au village où nous nous arrêtons chez Bob pour boire un verre. Philippe le connaît bien et nous sommes très bien accueillis. A notre retour, la nuit est tombée. Jean-Michel approche l'annexe et Cathy s'apprête à y mettre le pied. Mais un problème de vue évident lui fait mal calculer les distances : son pied qui devrait atterrir sur le bord de l'annexe s'enfonce dans l'eau, l'entraînant toute entière. La sacoche a elle aussi droit à un bon bain même pas rafraîchissant ! L'appareil photo, la carte bleue et la clé USB risquent de ne pas avoir aimé l'aventure ! Cathy passe au bateau se changer avant de terminer la soirée sur Dueto. Le lendemain, le verdict tombe : l'appareil photo est HS, la clé USB aussi et la carte bleue ne dit rien pour le moment, faute de pouvoir l'essayer ! Les photos de notre périple futur vont manquer une nouvelle fois, jusqu'au remplacement de cet appareil indispensable en voyage. Le coin est très agréable, la plage ressemble à des décors de carte postale. Le côté au vent est beaucoup plus sauvage et déserté par les touristes. Car ici, les touristes sont nombreux. Fini de nous trouver au milieu des navigateurs au long cours. Beaucoup de voiliers sont des locations à la semaine et les occupants sont boulimiques de plages, coraux, poissons... Leur comportement est très différent de celui que nous avons observé chez les voyageurs. Il va nous falloir nous y faire ! Dans la soirée, alors que le vent monte, un bateau qui a mouillé trop près de l'avant d'un autre se trouve coincé sur la chaîne du bateau sous son vent. Bien que ce soit lui en faute, il invective la victime ! Nous sommes médusés devant un tel comportement et nous voyons la femme qui prend le relais en traitant le navigateur impuissant de tous les noms, impossibles à reproduire ici (je n'aime pas les gros mots, même en anglais !). Au petit matin, nous quittons ce lieu qui doit être très agréable en dehors de la belle saison, vidé des bateaux de location, et mettons le cap sur les Tobago Cays.
Le vent est soutenu à 20-25 noeuds, pile dans le nez ! Nous progressons au moteur et ne sommes pas fâchés de mouiller notre ancre près de la barrière de corail, dans 2,50 m d'eau. Nous reculons en mettant les gaz et notre ancre disparaît aussitôt dans le sable. Nous ne bougerons pas ! Les enfants et Jean-Michel vont visiter les tortues et voir les raies près du récif. Cathy choisit de rester à bord car le vent fait un tel bruit qu'il en devient assommant. Dans la nuit, le catamaran mouillé sur notre tribord commence à chasser. Nous éclairons le bateau afin d'éveiller la curiosité des occupants, sans résultat. Finalement, nous ressortons notre corne de brume "marseillaise" et réveillons tout le mouillage ! Le skipper du cata nous remercie de l'avoir averti et remouille en prenant soin d'ajouter de la chaîne. Le lendemain au petit matin les park-rangers viennent encaisser leur dû : 20 $EC pour deux adultes à bord. Pour ce qui est des poubelles, si nous voulons qu'ils les emportent, il faut payer une contribution. Eh bien, elles attendront que nous soyons dans un endroit où rien n'est demandé. Et c'est ainsi que certains, moins délicats, choisissent de jeter par-dessus bord leurs ordures, sans se soucier des répercussions sur la nature. Pourtant, la taxe que nous payons est pour la protection de la réserve. Alors, comment ont-ils oublié le problème des ordures ?
Pour le réveillon de la St Sylvestre, Dueto nous propose d'aller le passer à Union dans un restaurant. Qu'à cela ne tienne, nous n'avons rien de prévu ! Pour la navigation jusqu'à Clifton, nous pouvons dérouler le génois et sommes mêmes surpris de dépasser Yassa, pourtant normalement plus rapide. Il est vrai que notre Semeda, dès qu'il est au vent 3/4 arrière, se comporte fièrement ! Giovanni et Caline vont à terre pour réserver la soirée et reviennent informer tous les équipages. A l'heure dite, tout le monde est prêt, Mégane a même mis du maquillage. Ceci dit, cela devient un habitude chez elle, dès que l'on se rend sur un autre bateau pour un apéro, elle se met des couleurs ! L'adolescence ! Au restaurant, tenu par des Anglais, nous sommes placés tant bien que mal, car il semblerait qu'ils aient oublié notre venue ! Nous commandons du vin en l'espérant à bonne température. Il est chaud, prêt pour faire un bon grog ! Bah, ce n'est pas grave ! Le buffet a commencé et nous voyons de longues files se former. Nous préférons attendre que le gros de la troupe soit passé et espérons bénéficier de nouveaux plats fraîchement disposés. Mais nous avions oublié que les propriétaires ne sont pas Français ! Nous nous contenterons des restes ! Pour le dessert, ce sera le même refrain. Il n'est que 22 h et le repas semble terminé. Nous restons à table, tandis que Clément s'endort. Puis nous voyons le buffet disparaître, les tables sont rangées et il semblerait qu'ils attendent le départ des clients ! Nous nous incrustons et attendons le décompte. Celui-ci arrrive, orchestré par les clients mais personne n'a la même heure ! Nous ne savons pas très bien quand nous passons en 2008, mais nous nous souhaitons tout de même la Bonne Année ! La musique n'est pas trop mauvaise par moment et nous dansons un peu. Mais le coeur n'y est pas vraiment. Nous rentrons rapidement au bateau, en pompant pour que le moteur de l'annexe ne cale pas trop (trois fois pour un trajet de 200 mètres environ !). Ces Anglais ne savent pas faire la fête. C'est sans doute pour cela que nous avons perdu la conquête de certaines îles (comme la Nouvelle Zélande) parce que les Français, eux, savent très bien la faire ! Un peu trop même ! Un bon point tout de même, Cathy a réglé la facture avec la Carte Bleue et ainsi a pu constater qu'elle n'a pas bu la tasse à Salt Whistle Bay !
Premier jour de l'année : Dueto avec Giovanni, Caline et Moustique à bord mettent le cap sur Cariacou. Avec les Yassa, nous remontons sur Mayreau. Après 1 heure 1/2 d navigation, nous sommes au mouillage à Saline Bay. Beaucoup de voiliers sont arrivés, nous faisant penser à une course. Il y a même cinq bateaux canadiens. Au petit matin le lendemain, nous relevons une nouvelle fois l'ancre pour cette fois remonter jusqu'à St Vincent, revoir nos amis du Black Baron. Huit heures plus tard, nous confions notre bout à un boat-boy qui va le mettre à terre. Ici, tout est calme. Line et Bruno se remettent doucement de la fête de la veille. Si nous avions su, nous serions revenu fêter la nouvelle année avec les pirates !
Ste Lucie
Il est temps pour nous de monter plus au Nord. Nous ne connaissons pas les mouillages futurs et comptons sur nos amis de Yassa pour nous les indiquer. Tout d'abord, nous nous arrêtons au Sud de Ste Lucie, au mouillage de la Soufrière. Là, un boat-boy nous soutire quelques sous pour tourner notre bout à une bouée, ce que nous sommes tout à fait capables de faire nous-mêmes. Mais il ne faut pas les froisser. Ici, la bouée se paye 55 $EC pour trois jours, même si vous ne restez qu'un seul (en plus de la contribution au boat-boy). Nous préférons monter un peu plus au Nord où Philippe et Valérie nous retrouverons. Sur les indications de Philippe, nous allons mouiller tout au fond de Marigot Bay, devant le JJ Palétuvier. Nous précisons que nous sommes amis des Yassa, lesquels arrivent et nous demandent de leur garder une place. C'est à la nuit tombée que leur cata arrive et se met cul à quai sur notre tribord. Ce soir, nous allons manger chez JJ, et nous n'allons pas être déçus ! Le décor est très agréable, de la bonne musique et la table est bonne. Cathy et les enfants vont marcher dans la mangrove où le restaurant a trouvé sa place. C'est impressionnant de voir les travaux réalisés pour gagner de l'espace sur la nature. Le repas est succulent ! Nous rentrons à bord pour dormir, le ventre plein. La musique ne nous empêchera pas de dormir longtemps, tant nous sommes fatigués. Au petit matin, nous repartons après tout le monde et Valérie a l'idée de nous prendre en photo devant le restaurant. Comme si nous en étions les propriétaires ! Nous arrivons à Rodney Bay, connu de tous les navigateurs résidants en Martinique. En effet, ici, ils sont nombreux à venir caréner car les prix sont biens plus raisonnables qu'au Marin, pour une excellente qualité de service. Il faut d'ailleurs réserver bien à l'avance si l'on veut disposer d'une place. Nous mouillons dans le port après avoir franchi un petit canal. Nous n'avons pas fait les formalités d'entrée et sommes placés devant les douanes. Nous n'avons pourtant pas l'esprit narquois. En annexe, nous allons dans un bassin voisin d'où nous pouvons nous rendre dans un supermarché. Les produits sont variés et de qualité, pour un prix très raisonnable. Mais toujours pas d'oeufs ! Sans oeuf, Daphnée ne peut plus nous faire de gâteaux ni de crêpes ! Pour vérifier que tout le monde a le bon poids malgré cette diète imprévue, nous passons tous sur la balance ! Ouf, personne n'a perdu d'os ! Dans la soirée, nous revenons sur la plage de Pigeon Island, à l'entrée de Rodney Bay. Le coin est très abrité et très agréable. Arrivés sur la plage, il suffit de faire quelques pas pour voir depuis l'autre côté de l'île la Martinique. Elle n'est plus qu'à un saut de chenal ! Un jeune homme joyeux (il chante sans arrêt) nous confectionne avec des feuilles de cocotiers des poissons et criquets. Ils sont très jolis et nous les laissons sécher à l'intérieur du bateau.
Cette fois, l'étrave de Semeda se dirige sur une nouvelle terre française. Le chenal est comme toujours agité. D'après Philippe, les vagues sont fortes au début puis se calment progressivement. En attendant, nous escaladons des montagnes ! La grand-voile à un ris et solent hissé, nous progressons bien et arrivons même à bien serrer le vent. Nous ne voulons surtout pas glisser vers le Diamant car le chemin face au vent et au courant est plutôt pénible. Finalement, après moins de 4heure 1/2, notre ancre s'enfonce dans le sable de Ste Anne, à l'entrée de la baie du Marin. Le calme est revenu à bord ! Dès le soir, nous allons au village goûter les accras antillais. Miam ! Ici, nous retrouvons l'Euro dans les distributeurs, les baguettes dans les boulangeries et aussi des oeufs chez le marchand ! Après deux jours dans ce charmant mouillage, nous nous décidons à nous diriger vers le Marin, le 7 janvier 2008.